Entretien avec Laetitia, étudiante en Bachelor of Arts and Science à McGill University au Canada

Le Canada, Montréal et l’Université McGill, Laetitia en rêvait depuis la seconde. Après l’obtention de son Baccalauréat général mention Très Bien, elle réussit à accomplir ce rêve et intègre la célèbre université canadienne de McGill. Étudiante en première année du Bachelor of Arts and Science à la Faculté des sciences, elle nous partage son expérience. …

Le Canada, Montréal et l’Université McGill, Laetitia en rêvait depuis la seconde. Après l’obtention de son Baccalauréat général mention Très Bien, elle réussit à accomplir ce rêve et intègre la célèbre université canadienne de McGill. Étudiante en première année du Bachelor of Arts and Science à la Faculté des sciences, elle nous partage son expérience. 

 

Profil

PRÉNOM : Laetitia

NATIONALITÉ : Française

NOM DU CURSUS SUIVI : Bachelor of Arts and Science, Double majeure Biologie-Mathématiques

NOM DE L’UNIVERSITÉ : McGill University

LYCEE D’ORIGINE : Lycée Marcelin Berthelot à Saint-Maur-des-Fossés (94)

TYPE DE BACCALAUREAT OBTENU : Baccalauréat général mention Très Bien, spécialités Mathématiques, Mathématiques expertes, Sciences et Vie de la Terre (SVT)

Partir étudier à l’étranger 

Pourquoi avoir décidé d’étudier à l’étranger ? 

J’avais ce projet en tête depuis la Seconde. Une des raisons principales est que j’aimerais travailler à l’avenir dans la recherche en biologie combinée avec des mathématiques. Or, ce domaine professionnel implique de travailler avec des équipes internationales. L’anglais est essentiel pour publier des papiers scientifiques. Donc, même si mon niveau d’anglais était déjà plutôt bon, je voulais vraiment faire mes études en anglais. Étudier au Canada était mon premier choix. J’ai toujours pensé que c’était un pays qui me plairait beaucoup. Mais j’ai aussi postulé dans des universités en Angleterre et était admise à Imperial, UCL et en Écosse.

Pourquoi avoir choisi McGill ?

J’ai choisi McGill parce que c’est une université anglophone au Québec alors que la plupart des universités de la région sont francophones. C’est important puisque cela me permet d’être dans une école où j’ai des cours en anglais mais dans laquelle je bénéficie des frais de scolarité canadiens car il y a un accord financier entre McGill et la France. C’est un grand avantage et c’est pour cela qu’il y a beaucoup d’étudiants français à McGill. C’est aussi une université prestigieuse puisqu’elle est 27ème au classement mondial (classement QS). Certaines personnes l’appellent même le « Harvard canadien ». McGill offre aussi une grande variété de cours. Le nombre de programmes et de majeures proposé est impressionnant. La pédagogie est aussi différente par rapport à la France. Ici, il y a une  approche “nord-américaine” où les étudiant·e·s ont un voire deux ans pour déclarer leur majeure et se spécialiser.

 Etudier à LSE

Le processus d’admission et les démarches administratives

Comment s’est déroulé le processus d’admission et de sélection ? 

McGill sélectionne les candidats en fonction des résultats scolaires obtenus de la 1ère à la Terminale et ne demande pas de lettre de motivation. Je ne savais pas vraiment à quel point l’admission à McGill était exigeante mais je savais que mes résultats de 1ère et Terminale me permettaient d’y prétendre. Cela étant, il faut savoir que dans le processus d’admission on peut désormais candidater pour deux majeures et non une. J’ai donc demandé la majeure de Biologie (Bachelor of Science) et une double majeure de Biologie-Mathématiques (Bachelor of Arts and Science), qui est beaucoup plus sélective. J’ai été admise pour les deux et j’ai donc choisi la double majeure. J’ai candidaté pour deux majeures dans la Faculté des sciences mais il est tout à fait possible de choisir une majeure dans la Faculté des sciences et une dans la Faculté des Arts, par exemple. 

Quelles démarches administratives as-tu entreprises ? 

Cela a été vraiment compliqué ! Le processus pour obtenir mon permis étudiant a été long avec l’administration canadienne. Pour les personnes qui souhaitent intégrer McGill, il faut faire attention car les admissions pour McGill commencent en octobre (deadline pour envoyer son dossier le 15 janvier) et les délais de réponse peuvent être tardifs. J’ai eu ma réponse début avril. C’est avant les résultats de Parcoursup donc c’est idéal. En revanche il faut attendre d’être admise pour pouvoir commencer les démarches d’immigration. Je conseille de préparer les documents pour la demande de permis d’études en avance. C’est un vrai gain de temps et une fois que la lettre d’admission est reçue, tout peut être envoyé. J’ai envoyé mon dossier le 11 juin et je n’ai eu une réponse que le 26 août. Il y a aussi le Certification d’Admission au Québec (CAQ) qui est essentiel mais la demande prend moins de temps. Il faut aussi s’occuper de l’assurance maladie. Il y a une possibilité d’obtenir l’assurance maladie québécoise mais il faut s’y prendre vraiment à l’avance avant d’arriver au Canada ou une assurance maladie est proposée par McGill.

Quelle assurance maladie as-tu choisi ? 

Je voulais prendre l’assurance maladie québécoise car elle coûte moins chère mais le problème est que je ne pouvais pas faire les démarches sans mon permis d’études. Or, comme je ne l’ai eu que très tard, j’ai dû directement partir au Canada. Donc, je n’ai pas pu régler les problèmes administratifs avec l’assurance et j’ai pris celle proposée par McGill. 

As-tu dû faire des démarches pour obtenir un logement sur le campus ? 

Une fois qu’on a accepté l’offre d’admission à McGill, il faut prendre la décision d’être en résidence universitaire ou en dehors campus. Ce qui est très bien à McGill c’est que tous les étudiants de première année ont une place garantie en résidence. On doit faire un classement des résidences que l’on souhaite et on est ensuite tirés au sort. J’ai été pendant deux mois sur liste d’attente car à cause du Covid les résidences fonctionnent à 70% de leur régime et des chambres sont fermées. McGill a donc dû faire l’acquisition de nouveaux bâtiments et j’ai été placée dans une de ces résidences. 

 

Les cours en Première Année

Comment se déroule le choix des cours en première année ? 

Je suis en double majeure BiologieMathématiques. C’est une majeure très lourde donc je vais sûrement devoir faire mon Bachelor en quatre ans. Je suis en U1 mais comme j’ai beaucoup de cours d’U0 c’est comme si j’étais en U0. C’est un fonctionnement qui est spécifique à la Faculté de Sciences parce qu’ils ont un freshman program (programme de première année) très strict avec 30 crédits à valider en première année. 

Début juin, c’est le moment où la demande pour les cours commence. Il faut savoir que les Canadiens y ont accès avant nous donc il y a déjà des places prises. Il faut le faire dès que la plateforme ouvre et choisir des cours pour les deux semestres même si on pourra ensuite les changer. Pour les cours, la première chose à savoir c’est qu’en tant que détenteur du Baccalauréat français, il y a des cours auxquels nous n’avons pas accès et que l’on peut déjà valider en tant que pré-requis. Il y a une page sur le site de McGill qui mentionne ses exemptions en fonction des spécialités choisies en Terminale. Donc par exemple, comme j’ai pris la spécialité Mathématiques en Terminale j’ai eu le droit d’être exempté du cours Mathématiques 140 (Mathématiques et Statistiques, Calculus 1). Cela me permet ainsi de passer directement au cours Mathématiques 141 (Mathématiques et Statistiques, Calculus 2). 

Quels cours as-tu choisi ? 

J’ai dû choisir mes cours au sein du freshman program. Toutes les personnes qui sont en première année de la Faculté de Sciences ont presque les mêmes cours. C’est un grand avantage car cela renforce la cohésion et la solidarité au sein de la classe. Il y a toujours des groupes avec des personnes pour s’entraider. Les cours que j’ai choisis sont le cours Mathématiques 133 (algèbre) et le cours Mathématiques 141 (intégration), c’est la suite de ce que l’on fait en Terminale. J’ai aussi un cours d’introduction à la physique. Je ne voulais pas faire de la physique mais pour prendre les cours de Biologie qui sont requis pour ma majeure, il faut au moins avoir validé un cours. De plus, j’aimerais faire un transfert en programme de neurosciences à la fin de l’année dans lequel je suis certaine d’avoir besoin de la physique. 

Quand on demande ses cours, il est très important d’envoyer un mail à son/sa conseiller·e académique. Pendant l’été, il ne faut pas hésiter à le ou la contacter pour présenter ce qu’on a choisi et vérifier la cohérence de nos choix avec notre majeure. 

Est-ce que tu as éprouvé des difficultés à t’adapter au système éducatif canadien ?  

Oui et non. La majorité des difficultés que je rencontre ici sont les mêmes  que j’aurais rencontrées dans ce type de cursus en France. Ce n’est pas lié au fait que j’étudie en anglais ou à McGill. C’est juste que c’est une fac donc évidemment les méthodes de travail nécessitent d’être autonome, indépendant et d’approfondir les cours par soi-même. L’autre difficulté est le cours de physique, car je n’avais pas choisi cette spécialité en Terminale. En ce qui concerne l’anglais je n’ai pas de problème particulier. Il y a parfois des mots que je ne comprends pas car je n’ai pas étudié les sciences en anglais. Cependant, j’ai des cours en ligne et tous les professeurs mettent des sous-titres. Si on pense qu’on n’est pas assez bilingue et qu’on ne s’en sortira pas à McGill, c’est faux. Quasiment la moitié des étudiant.e.s de McGill est internationale ! On ne se sent pas du tout isolé et on ne se dit jamais : « je suis au milieu d’Américains, de Canadiens, je ne vais rien comprendre ». Les professeurs sont arrangeants et on a le droit de passer tous nos examens en français,  ce qui peut être utile pendant la phase de transition. 

Est-ce que tu as beaucoup de cours en ligne ? 

Pour l’instant, il y a énormément de cours en ligne. Au Canada, c’est très strict avec le Covid, surtout à McGill. J’ai des cours en ligne car en première année à la Faculté de Sciences nous sommes très nombreux en cours. Nous sommes parfois presque mille étudiants. Cependant, cela dépend des facultés, certains ont peu de cours en ligne. Par ailleurs, je ne ressens pas du tout les effets négatifs d’avoir des cours à distance. Au contraire, je trouve qu’en commençant à étudier en anglais c’est presque un avantage d’avoir cours en ligne parce qu’il y a les sous-titres et on peut regarder plusieurs fois l’enregistrement. C’est utile pour s’adapter. Le seul inconvénient est que l’on rencontre moins de personnes. 

Combien d’heures de cours as-tu par semaine ? 

J’ai onze heures de cours en amphithéâtre, cinq heures de laboratoire et trois heures de travail de groupe (TD), donc un total de dix-neuf heures par semaine. Pour être honnête, quand on passe du lycée à cet emploi du temps c’est moins chargé ! De plus, la plupart des cours durent une heure. J’arrive à bien me concentrer. J’aime bien mon emploi du temps et j’adore encore plus le fait d’avoir pu le personnaliser par rapport à mes intérêts. 

Comment organises-tu ton travail personnel ? 

Si je dois être tout à fait honnête, je m’attendais à beaucoup plus de travail. Au début de l’année je me suis dit que ma charge de travail par rapport à la Terminale était moins importante ! Cependant, il faut faire attention parce qu’il n’est pas rare que tout arrive en une seule fois. Il ne faut pas penser que les devoirs qu’on nous donne sont les seules choses à faire. Il faut en effet constamment s’organiser et planifier car les profs ne font pas de rappel. Ma technique est que tous les jours je fais un récapitulatif de ce qui est en cours dans chaque matière que j’ai, ce que j’ai à rendre et si j’ai bien compris le cours. Le plus important est de ne pas prendre de retard surtout avec les cours en ligne. C’est vrai que je travaille régulièrement, les cours sont difficiles mais j’ai acquis une grande capacité de travail au lycée donc j’arrive à m’adapter. J’ai aussi le temps de profiter de la vie universitaire et de découvrir la ville de Montréal. 

Comment se déroulent les examens ? 

Il y a des midterms et des partiels. La plupart des enseignants de première année ne font pas de midterms au milieu du semestre mais au début du semestre. J’en avais un le 25 septembre par exemple. Cela me semble utile car cela permet d’avoir moins de contenu à assimiler mais d’un autre côté il faut être conscient que les examens arrivent vite. J’ai aussi eu des midterms en octobre. Les examens finaux sont les 7, 8 et 9 décembre et le dernier aura lieu le 20 décembre.

La vie étudiante sur le campus

Comment se déroule la vie étudiante sur le campus ? Est-ce que tu as réussi à t’intégrer ? 

La vie en résidence facilite la socialisation. On a une cafétéria, une salle de sport et des événements organisés régulièrement. Chaque étage a un·e floor fellow, ce qui est très utile. Ma floor fellow organise des évènements pour les étudiant·e·s de notre étage et cela crée de la cohésion. Toutefois, il est  vrai que les cours en ligne et les restrictions liées au Covid  compliquent les choses… Cependant, le campus est magnifique. Il y a des écureuils partout. Les bâtiments sont beaux et impressionnants. C’est un campus à la fois classique et moderne avec de grandes pelouses. De plus, il est très agréable de vivre à Montréal. C’est une ville animée et est un environnement idéal pour les étudiants. En tant qu’étudiant·e à McGill on a par exemple une carte étudiante qui est acceptée dans beaucoup d’endroits comme des restaurants et permet d’avoir des réductions. Pour les personnes qui craignent de devoir parler en anglais, il est possible de parler français presque partout. 

Comment se déroule la vie associative ? 

Il y a vraiment beaucoup de choix d’associations et c’est une très bonne manière de rencontrer des personnes ! Mais si la vie associative est importante, je ne dirais pas qu’elle est forcément nécessaire pour s’intégrer. Je préfère personnellement prendre du temps pour aller à la salle de sport et faire d’autres activités. Par exemple, j’ai postulé pour être bénévole à la SPA locale. Il faut aussi penser au fait que beaucoup d’étudiants ont un job étudiant et ne font donc pas tous partie  d’associations. Il y a des offres de travail sur le campus et partout à Montréal. Il est plutôt facile de trouver un job. En tant que Français·e on ne peut pas travailler à temps plein, on est limités à vingt heures par semaine. 

Quelles sont les choses que tu aimes le plus à McGill et les choses que tu voudrais voir être améliorées ? 

Ce que j’aime le plus à McGill c’est le fait que ce soit cosmopolite et que je sois avec des personnes de toutes les facultés. J’aime le fait que ce soit une université engagée dans le progrès. C’est une université assez libérale. Certains trouveront que c’est politiquement correct mais moi je trouve que cela apporte d’énormes avantages pour les étudiant·e·s. Par exemple, par rapport à la France, il est plus facile d’aborder certains sujets comme la santé mentale. Tous les enseignants l’évoquent et y sont très attentifs. On est constamment rassurés et il y a des ressources partout pour nous aider, on ne se sent pas isolé. C’est un très bon environnement de travail. On peut aussi choisir le prénom par lequel on souhaite être appelé et le changer sur sa carte étudiante. C’est un environnement dans lequel on se sent accepté, il y a par exemple beaucoup d’associations LGBTQ+, des associations pour toutes les nationalités (chinoise, club francophone etc..) : tout le monde a sa place. 

Je ne sais pas trop ce que je pourrais changer, j’adore la vie à McGill. C’est vrai que c’est plus coûteux qu’une éducation en France mais il faut se dire que c’est un des meilleurs deals pour les étudiants français qui veulent étudier à l’étranger, surtout après le Brexit. Un petit désavantage serait les vacances. On ne se rend pas compte à quel point on en a beaucoup en France ! Ici je n’ai qu’une semaine de vacances à Noël et trois jours à Thanksgiving. Cela peut être frustrant pour certains. 

Vers l’avenir

Quels sont tes projets pour la suite ? 

Tout d’abord, je ne regrette pas du tout d’avoir pris la double majeure Biologie-Mathématiques. Si je peux faire un transfert en majeure de Neurosciences je le ferais, même si le programme est très sélectif. Étant donné que j’aimerais faire de la recherche et enseigner cela implique que je devrais aller jusqu’au PhD (doctorat). Je ne sais pas encore si je resterai plusieurs années,  University College London (UCL) a aussi de très bons programmes de recherche par exemple. 

Est-ce que tu aurais des recommandations, des conseils pour les élèves qui souhaitent intégrer McGill ? 

Mon conseil le plus important est qu’il faut se connaître soi-même, être sûr·e qu’on est prêt· e à partir de chez ses parents, à vivre loin de la France et de manière indépendante. Il faut être conscient·e que c’est une transition compliquée. Il faut aussi aimer l’anglais et ne pas juste être bon en anglais. Il faut aussi être prêt·e à travailler dur. Pour celles et ceux qui craignent la sélection des notes, les commentaires comptent aussi et ils regardent beaucoup l’année de Terminale. Il faut cependant garder ses options ouvertes et bien faire des choix sur Parcoursup ou dans d’autres universités à l’étranger. 

Si comme Laetitia, vous souhaitez intégrer l’Université McGill  ou une université au Canada, n’hésitez pas à nous contacter afin d’échanger sur votre projet ! 

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